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Aménagement du territoire : un développement à deux vitesses

Un rapport officiel, le premier du genre depuis 1965, expose une forte concentration des investissements publics dans la province de l’Estuaire, au détriment des zones rurales. Cette situation met en lumière le risque d’un Gabon à deux vitesses et interroge sur la stratégie de développement du pays.

Une nouvelle cartographie nationale des projets de développement, fruit d’une collaboration entre le Ministère de la Planification et de la Prospective et la Banque mondiale, dresse un constat sans appel.

Sur 675 projets recensés à travers le pays, près d’un tiers soit 30,7 %, se concentre dans la seule province de l’Estuaire, qui abrite la capitale Libreville.Ce chiffre révèle une fracture profonde avec les provinces de l’intérieur.

À titre de comparaison, la province de l’Ogooué-Lolo ne bénéficie que de 4,3 % des projets, et celle de l’Ogooué-Ivindo, de 5,8 %. Ces données confirment une réalité déjà perceptible sur le terrain, un déséquilibre majeur dans la répartition des efforts de développement.

Cette « hyper-concentration » des chantiers dans la capitale et ses environs pose la question de l’équité territoriale.

Elle risque d’aggraver les inégalités entre une métropole déjà mieux dotée en infrastructures et des régions rurales qui peinent à retenir leurs populations, faute d’opportunités économiques et d’accès aux services de base.

Alors que des projets d’envergure comme « Libreville 2 » ou de nouvelles infrastructures routières sont lancés dans l’Estuaire, les zones rurales attendent des investissements essentiels.

Les raisons de ce déséquilibre sont multiples et complexes. Le poids politique et démographique de la capitale joue un rôle certain, tout comme une logique économique qui privilégie les zones à forte concentration de population.

Cette stratégie néglige toutefois le potentiel des autres provinces et nourrit un sentiment de délaissement.

Face à ce diagnostic, le gouvernement est appelé à réagir. Le rapport lui-même encourage l’élaboration d’un Plan national d’investissement territorial pour garantir un développement plus harmonieux.

La nécessité d’une politique plus équilibrée, qui assure une meilleure redistribution des richesses et des projets, devient une urgence.

L’enjeu est de taille : construire un avenir où chaque province du Gabon trouve sa juste place dans la dynamique de développement national.

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